mercredi 7 décembre 2016

Méditation pour le deuxième Mercredi de l'Avent






La prédication de Jean-Baptiste (Paolo Veronese)





LE DEUXIÈME MERCREDI DE L'AVENT

Jour de mortification


PRATIQUE

Déclarez-vous à vous-même une guerre implacable, et regardez-vous comme votre plus dangereux ennemi : souffrez tout ce qui se présentera ; abstenez-vous, privez-vous de tout ce qui pourrait vous faire plaisir. Regardez-vous comme une personne à la mort, à qui on fait l'onction sur tous les organes des sens, et ne leur permettez rien qui ait besoin d'être expié par ce sacrement ; à la fin de la journée, demandez-vous-en un compte exact, et punissez-vous de la moindre transgression.


MÉDITATION

Qu'êtes-vous allé voir dans le désert, dit Jésus-Christ, un homme vêtu avec luxe et mollesse ? Ceux qui s'habillent ainsi sont dans les mains des rois (Matth., II).


1er point.
Jésus-Christ nous propose le précurseur pour modèle de mortification, et nous parle de la dureté et de la rudesse de ses vêtements, de sa solitude, de sa nourriture et de sa vie affreuse à la sensualité, et finit par dire qu'il est le plus grand des enfants des hommes. Appliquons-nous donc à bien connaître la mortification qui était la vertu de Jésus-Christ, de Jean-Baptiste et de tous les Saints, et qui doit être la nôtre si nous voulons nous sauver. La mortification est une mort qui donne la vie, qui fait mourir au péché, au monde, à soi-même, pour vivre à la grâce et faire régner l'amour de Dieu, qui est la véritable vie de l'âme. Cette vertu ne se contente pas de retrancher les choses illicites, mais encore les plaisirs permis, pour l'amour de Dieu, pour expier les péchés et pour acquérir de plus grandes grâces. Mourez de cette mort, dit saint Augustin , si vous voulez vivre de la véritable vie de la grâce et de la gloire ; soyez enseveli tout vivant dans le tombeau de la mortification, si vous voulez ressusciter.

2e point. La mortification est la vertu qui a le plus d'étendue dans sa pratique et qui demande le plus d'attention : elle embrasse l'intérieur et l'extérieur de l'homme chrétien : il faut qu'elle soit continuelle et universelle.
Continuelle, parce que les occasions de se mortifier se présentent très souvent ; après nous être mortifiés sur un article, nous sentons un moment après qu'il faut recommencer et retrancher de nouveau, et que nous tombons si nous ne sommes pas sur nos gardes.
Universelle, elle retranche dans le cœur l'amour-propre, les attaches imparfaites pour les créatures, les plaisirs même permis, les antipathies et les prédilections : dans l'esprit, elle corrige l'orgueil, le mépris du prochain, la curiosité et les pensées qui ne sont pas dirigées vers Dieu. Elle s'étend sur les sens extérieurs : la vue, le goût, l'ouïe portent la corruption dans l'âme si on ne prend soin de les mortifier. Elle réduit le corps en servitude et en retranche toutes les délicatesses.
Voilà le sujet d'un grand examen : après l'avoir fait, demandez-vous si vous êtes assez mort pour vous-même pour vivre à Dieu seul.


SENTIMENTS

Que je serais heureux, ô mon Dieu ! si je pouvais vous dire avec autant de vérité que le roi-prophète : Seigneur, je parais tous les jours dans la pratique de la mortification pour l'amour de vous (Ps. 43). Mais, hélas ! je suis trop lâche pour tenir ce langage, qui me couvrirait de confusion ; le travail me rebute, l'affliction m'abat, l'humiliation me révolte, la mortification me décourage ; dans une religion de croix, je ne suis qu'un homme de plaisir, de sensualité, de délicatesse ; je ne trouve qu'amour- propre dans mon cœur, que souvenirs dangereux dans ma mémoire, que curiosité, qu'orgueil et qu'inutilité dans mon esprit.
Ah ! Seigneur, armez-moi d'une sainte haine contre moi-même : armez-moi de ce glaive salutaire qui, sans m'épargner, coupe et retranche tout ce qui vous déplait ! que ce glaive saint de la mortification me fasse mourir au monde, au péché et à moi-même, pour vivre à vous, en vous et pour vous dans le temps et dans l'éternité.


SENTENCES

Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si vous faites mourir par l'esprit les œuvres de la chair, vous vivrez (Rom., 8).

Mourez pour vivre, ensevelissez-vous pour ressusciter (De Aug. de Verb. ap.).


RÉFLEXIONS

Tout péché, de quelque nature qu'il soit, offense la majesté infinie de Dieu, choque ses plus grandes perfections, et exige une réparation.
L'homme est faible, et ne peut rien de lui-même, parce qu'il faut un réparateur d'un mérite infini pour faire une juste compensation d'une injure infinie. C'est le prodige d'amour que nous adorons dans l'Incarnation ; Dieu se fait réparation à lui-même pour nous ; il descend du ciel, prend un corps mortel, souffre dans cette chair, et meurt de la mort la plus cruelle et la plus infâme qui fut jamais. Divin Sauveur, j'étais exilé de ma céleste patrie ; tous m'y avez rappelé ; j'étais vendu, tous m'avez racheté ; j'étais aveugle, vous m'avez éclairé ; j'avais encouru Votre haine, vous m'avez remis en grâce, et vous m'avez rendu votre cœur, votre royaume ; je vous avais outragé, vous vous êtes fait réparation à vous-même pour moi, et tout cela au prix de votre sang. Pouviez-vous pousser votre Amour plus loin, vous qui étiez le Dieu offensé, et qui deviez être le Dieu vengeur, de devenir vous-même le Dieu sauveur !


ORAISON JACULATOIRE

Dieu de force, retournez-vous vers nous : regardez-nous du haut du ciel, venez visiter et perfectionner la vigne que votre droite a plantée !






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