samedi 8 avril 2017

Méditation pour le Samedi de la Passion : Jour de mortification





Mort du Christ (Gustave Doré)


LE SAMEDI DE LA PASSION

Jour de mortification


PRATIQUE

Déclarez aujourd'hui la guerre à la délicatesse, et mortifiez-vous en toutes choses. Portez, selon le conseil de l'apôtre, la mortification de Jésus-Christ dans votre chair, et traitez-la en pécheresse ; veillez avec soin sur toutes vos actions. Ne vous contentez pas de cette mortification extérieure ; mortifiez aussi votre mémoire, votre imagination, votre esprit et votre cœur ; veillez sur toutes les passions de votre âme, afin que votre mortification soit universelle.


MÉDITATION

En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment ne meurt après qu'on l'a jeté en terre, il demeure seul ; mais, quand il est mort, il porte beaucoup de fruits. (Joan , 22)


1er point. Le chrétien est ce grain de froment, il faut premièrement qu'il tombe : il ne produira jamais qu'il n'ait mortifié et dompté son orgueil. Il faut en second lieu qu'il tombe non seulement sur la terre, mais encore dans la terre, et qu'il soit couvert. Il n'est en sûreté que quand il se cache aux yeux des hommes, et en se ressouvenant qu'il n'est que terre. Enfin il faut qu'il y meure, c'est-à-dire qu'il se renonce lui-même, qu'il meure à sa chair et à ses appétits, à ses attaches et à toutes ses passions. C'est le moyen de porter des fruits abondants, et de se conserver pour l'éternité. Regardez-vous comme ce grain de froment : tombez souvent en terre par le mépris de vous-même ; cachez-vous et mourez à tout pour vivre à Dieu seul. Heureuse mort, puisqu'elle produit la vie de la grâce et qu'elle nous conserve pour celle de la gloire. Si vous prétendez être à Jésus-Christ, vous devez mener une vie mortifiée ; car ceux qui lui appartiennent, dit Saint Paul, ont crucifié leur chair avec toutes ses convoitises (Gal. 5).


Celui qui aime la vie la perdra, mais celui qui la hait dans ce monde la conserve pour la vie éternelle.


2e point. Aimer son âme et sa vie, dans le langage de Jésus-Christ, c'est aimer sa chair et la traiter avec délicatesse : c'est s'aimer soi-même ; et cet oracle est assez précis et assez clair, pour nous faire entendre qu'il est impossible de se sauver sans la mortification des sens extérieurs et intérieurs des appétits de la chair, et des passions de l'âme. Mortifiez vos yeux corporels, puisque c'est souvent par eux que la corruption entre dans le cœur. C'est par les yeux, dit Jérémie, que la mort s'insinue dans l'âme (Jerem. 8). Mortifiez votre ouïe, et détournez vos oreilles de tous les discours des gens du siècle. Mortifiez votre bouche et sur le goût et sur les paroles. Mettez à votre bouche, selon le conseil du sage, une porte, des serrures, et une balance pour peser toutes les paroles qui en sortiront. Une langue qui n'est pas mortifiée se laisse aller tantôt au mensonge, tantôt à la médisance, tantôt à l'ostentation, tantôt à la flatterie, et souvent à quelque chose de pis. Mortifiez vos mains ; et soyez toujours en état de les élever pures vers le ciel, si vous voulez être exaucé. Ne vous contentez pas de la mortification corporelle ; mortifiez votre esprit et votre cœur : cette mortification sincère et universelle vous conservera pour l'éternité.


SENTIMENTS

Suis-je mort à moi-même ? Ô mon Dieu, suis-je mort à ma chair ? Suis-je mort à mes passions ? Hélas ! que j'ai de fatales expériences du contraire ! Suis-je ce grain de froment tombé, caché et mort dans la terre pour porter des fruits de pénitence, de grâce et de gloire ? Je sais que je me perds si je ne me hais moi-même, et cependant je ne fais aucun progrès dans la mortification. Ah ! Seigneur, ayez pitié de ma faiblesse, fortifiez-moi, animez-moi d'une sainte haine contre moi-même, donnez-moi le courage de mourir à ma chair et à tout ce que je suis, pour ne vivre que pour vous seul.


SENTENCES

Je vous conjure, mes frères, par la miséricorde de Dieu, de lui offrir vos corps comme une hostie vivante, sainte et agréable à ses yeux. (Rom., 12).

Toutes les mortifications extérieures que la vanité nous inspire, loin d'être de véritables vertus, ne sont que des voiles qui cachent nos vices (D. Prosper, de Vità).


RÉFLEXIONS

Jésus convertit un voleur


Jésus-Christ, crucifié entre deux scélérats qui l'accablaient d'injures atroces, leur offre sa grâce : l'un le rebute et continue à le maltraiter, l'autre se rend, et entre véritablement dans des sentiments de pénitence et de componction. Ce Dieu souffrant exerce avec une charité héroïque les fonctions de sauveur à son égard. Son amour pour ce voleur lui fait oublier et compter pour rien les douleurs excessives qu'il endure, pour s'appliquer à sa conversion et à sa mortification. Il pénètre dans son cœur ; il y voit les heureuses dispositions qu'il y opérait lui-même par sa grâce ; il l'éclaire, il le touche, il le justifie, il l'embrase de son amour, il en fait un saint, et lui promet le ciel dans le même jour et aussitôt après sa mort. C'est ainsi que Jésus mourant pardonne, et distribue des couronnes éternelles comme un Dieu rémunérateur.
Accordez à nos prières et à nos vœux, ô Dieu de miséricorde, qu'à mesure que nous approchons des grands mystères de notre rédemption nous avancions aussi en grâce, en piété et en amour, pour parvenir au terme auquel nous aspirons : c'est l'éternité bienheureuse. Nous vous en prions par les mérites de Jésus-Christ. Ainsi soit-il.





Lire "Le Bon larron" de Mgr Gaume.





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