jeudi 16 juin 2016

Combien sont mal fondées les plaintes de ceux qui se disent incapables de méditer


La dernière communion de Saint Bonaventure (José Juarez)



Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne du R.P. Alphonse Rodriguez, Extrait :



Combien sont mal fondées les plaintes de ceux qui disent qu'ils sont incapables de méditer.




Ce que nous venons de dire peut servir de réponse à ceux qui se plaignent qu'ils ne sauraient méditer, parce qu'il ne se présente rien à leur esprit qui leur serve à remplir les points qu'ils ont préparés, et qu'ils ne trouvent presque jamais de matière pour s'occuper dans l'oraison. Il n'y a rien en cela qui doive les affliger, puisque, comme nous l'avons déjà dit, l'oraison est une affaire qui consiste plus dans les actes de la volonté, que dans les discours et dans les spéculations de l'entendement.
Il n'y a donc pas sujet de se plaindre, lorsque dans l'oraison on n'a pas la facilité de faire de grands raisonnements, et qu'on ne trouve point de réflexions pour étendre les points de la méditation. C'est même une maxime constante dans la vie spirituelle, que la meilleure disposition pour y avancer, et la plus avantageuse de toutes les conditions, est lorsque Dieu, bouchant la source d'une spéculation trop vague et trop diffuse, ouvre en même temps la source des affections et des sentiments du cœur, afin que l'entendement demeurant dans une tranquillité profonde, la volonté puisse se retirer en Dieu seul, et se reposer tout entière dans l'amour et dans la jouissance du souverain bien. Si Notre-Seigneur vous favorise à ce point, que par le moyen de quelque réflexion simple, ou seulement en considérant qu'il s'est fait homme pour vous, qu'il est né pour vous dans une étable, et que c'est pour vous qu'il a expiré sur une croix, vous vous sentiez enflammé de son amour, et du désir de vous humilier, et de mener pour lui une vie crucifiée, et que vous vous entreteniez longtemps dans cette pensée ; cette sorte d'oraison est sans doute bien meilleure et plus avantageuse, que si vous aviez été occupé de longues réflexions et de raisonnements sublimes, puisque vous vous êtes arrêté à ce qu'il y a de plus parfait et de plus essentiel dans l'oraison, et à ce qui en doit être la fin et le fruit.
Cela doit nous faire sentir combien s'abusent ceux qui s'imaginent qu'ils n'ont pas fait une bonne oraison lorsqu'il ne s'est pas présenté à leur esprit des réflexions où ils pussent s'arrêter ; et qui croient avoir très-bien réussi, quand il s'y en est beaucoup offert.
Nous lisons dans les chroniques de Saint François, qu'un saint religieux, nommé frère Gilles, dit un jour à Saint Bonaventure, général de cet ordre célèbre : « Dieu vous a donné de grands talents, à vous autres savants, avec lesquels vous pouvez le servir et le louer ; mais nous autres simples et ignorants, qui n'avons aucune lumière, que pourrons-nous faire pour plaire à Dieu ? — Quand Notre-Seigneur, répondit Saint Bonaventure, n'aurait point donné d'autre grâce à un homme que celle de pouvoir aimer Dieu, elle suffirait, pour faire qu'il pût, lui être plus agréable par là, et mériter davantage, que par tous les autres moyens ensemble. — Hé quoi, repartit ce bon religieux, un ignorant, un homme grossier peut donc avoir autant d'amour pour Jésus-Christ, qu'un homme savant ? — Il le peut, répliqua Saint Bonaventure ; et une pauvre femme simple et grossière peut avoir autant de charité qu'un célèbre théologien. Alors ce bon religieux, tout transporté de ferveur, courut au jardin, du côté qui répondait vers la ville, et se mit à crier à haute voix : Pauvre femme simple et grossière, aimez votre Seigneur Jésus-Christ, et vous pourrez devenir plus grande en mérite que frère Bonaventure ; » et à peine eut-il achevé ces paroles, qu'il entra en extase à son ordinaire, et y demeura trois heures entières.





Écoutez ce sermon sur Saint Bonaventure.


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