vendredi 4 septembre 2015

La communion spirituelle



La communion spirituelle consiste à désirer avec foi et amour recevoir Notre Seigneur dans le Sacrement de l'Eucharistie.





Extrait de « La communion spirituelle » par le Père Justin Etcheverry


Voici comment la définit le saint Concile de Trente, session XIII, chapitre VIII : « Ceux-là reçoivent l'Eucharistie par une Communion seulement spirituelle, qui, se nourrissant par le désir de ce Pain céleste placé devant eux, en sentent le fruit et l'utilité en vertu de cette foi vive que la charité rend féconde. »

Deux amis se retrouvent après une longue séparation. Ils se jettent dans les bras l'un de l'autre et se tiennent étroitement serrés. Ils se voient, ils s'entendent, et leurs cœurs confondus semblent ne battre que d'une seule palpitation. Leur bonheur est complet, parce que tout leur être s'est uni, et les facultés de l'esprit, et les puissances du cœur ; chacun est heureux de retrouver l'autre lui même, et il se repose dans cette enivrante union qui est presque l'unité.
Mais l'heure vient où les amis les plus tendres doivent se dire adieu. La mère même la plus aimante ne peut pas toujours garder auprès d'elle le fruit de son sein ; elle doit se séparer physiquement de cet être chéri, dont rien cependant ne pourra la séparer moralement, ni la distance qui éloigne, ni les jours qui se succèdent. Comment faire revivre ces heures, bénies entre toutes, où deux cœurs étaient si rapprochés, où l’œil contemplait des traits qu'il ne voit plus, où l'oreille était caressée d'une voix dont on n'entend plus les accents, où l'on pressait des mains qu'on ne sent plus dans la sienne ? L'amour va repeupler ces lieux déserts ; le cœur va faire revivre les instants écoulés, l'imagination ramènera le bien-aimé devant soi ; il semblera qu'on l'entend encore : on lui parle, il répond, il est là. On le serre dans ses bras émus... Ce n'est pas lui sans doute, mais c'est son délicieux souvenir ; c'est plus que le souvenir, c'est comme une puissance vivante qui l'a remplacé, c'est l'âme qui vient s'unir à l'âme.
Ces deux comparaisons disent-elles parfaitement, l'une, ce qu'est la Communion sacramentelle, et l'autre, la Communion spirituelle ? Évidemment non, et l'image n'est ici que l'ombre de la réalité. La Communion sacramentelle, c'est plus que l'union étroite de deux amis qui s'embrassent, plus que l'union de l'époux et de l'épouse ; la Communion spirituelle est assurément autre chose aussi que l'union qui peut s'opérer entre deux cœurs, par la pensée, l'affection et le souvenir. Et qui peut raconter les modes mystérieux par lesquels Notre-Seigneur Jésus-Christ vient à l'âme qui l'appelle ? Qui connaît les secrets de sa sagesse et de sa puissance ? Qui peut dire comment le Dieu d'amour répond à notre amour, lorsque, ne pouvant pas le recevoir dans sa présence sacramentelle, nous désirons pourtant nous unir entièrement à Lui ? Ce Corps et ce Sang, désormais indissolublement unis à son âme et à sa divinité, agissent-ils seulement à distance dans cette Communion spirituelle, ou bien par un contact réel ? Questions insolubles pour notre faiblesse, et dont peut-être nous n'aurons le dernier mot, que lorsque le demi-jour du temps aura fait place aux splendeurs de cette éternité où nous verrons toutes choses dans la lumière même de Dieu. Mais déjà nous savons que Celui qui est amour, dépasse infiniment tout ce que peuvent rêver les imaginations les plus riches et les cœurs les plus ardents ; et soyons heureux d'entendre l'Église nous dire (1), que lorsque nous communions spirituellement, nous sommes nourris par le désir de ce Pain céleste, et qu'en vertu de la foi que la charité rend féconde, nous en sentons le fruit et l'utilité.

Ainsi, ce n'est pas la Communion sacramentelle seule qui peut nous unir à Jésus vivant dans son Sacrement. Ceux qui l'aiment sont affamés de l'Eucharistie, parce que c'est là qu'ils le trouvent tout entier, dans son Humanité sainte et chérie, comme dans sa Divinité ; ils voudraient donc le recevoir à tout instant, le garder toujours. Mais on est forcément obligé de passer bien des heures, parfois bien des jours, loin de ce banquet désiré ; et encore, quand on a eu le bonheur d'y participer, la présence sacramentelle de Jésus disparaît bientôt par la destruction des saintes espèces. Que faire donc ? Faut-il sans remède languir dans une privation douloureuse, et se dessécher comme la plante qui n'a pas sa goutte de rosée et son rayon de soleil ? Rassurons-nous ; Celui qui fait ses délices d'être avec les enfants des hommes (Prov., VIII,31), va combler tous nos désirs. Et comment ne les comblerait-il pas ? C'est son Cœur qui les fait naître dans les nôtres, et il ne les excite que pour les couronner. Il veut donc, quand le recours au Sacrement n'est pas possible, que notre désir y supplée, et Lui y suppléera aussi par sa venue spirituelle, qui nous apportera des effets pareils à ceux que produirait la Communion sacramentelle. N'en voilà-t-il pas assez pour remplir notre âme d'une immense joie, pour embaumer et sanctifier notre vie, puisqu'elle peut devenir, si nous voulons, une Communion continue ?
Et qu'on ne pense pas qu'il s'agit ici de l'union seulement avec la Divinité ; elle s'opère, nous l'avons dit en commençant, par la grâce sanctifiante ; elle grandit et se resserre par tous les actes de vertu et par tous les élans du saint amour. Celle dont nous parlons est plus complète ; c'est notre être tout entier qui s'unit mystérieusement à l'Homme-Dieu tout entier ; c'est l'Eucharistie que nous recevons spirituellement avec tous ses dons et ses effets. Nous sommes alors unis à Jésus par une grâce spéciale venue de l'Eucharistie : aussi les actes de notre Communion spirituelle doivent s'adresser à Jésus dans l'Eucharistie. Notre acte de foi s'applique à la présence de Notre seigneur dans le Sacrement de l'autel ; notre espérance est le désir confiant de recevoir l'auteur même de la grâce ; notre amour s'attache à l'Homme-Dieu dans le mystère qui est ici-bas la plus haute expression de sa charité. Il est nécessaire que ces sentiments aient leur caractère ainsi déterminé, pour produire la Communion spirituelle, telle que nous venons de la faire connaître ; ce que du reste nous allons expliquer davantage dans l'exposition de la méthode.

Puisque la Communion spirituelle supplée à la Communion sacramentelle, il faut qu'elle en devienne la fidèle copie et soit calquée sur elle en tout ce qui la précède, l'accompagne et la suit. Elle a donc aussi sa Préparation, sa Réception et son Action de grâces.

1° Préparation : Il faut d'abord l'état de grâce. Un cœur qui serait dans les liens du péché mortel doit au préalable s'occuper de briser ses chaînes et de retourner par le repentir au Dieu qu'il a délaissé ; jusqu'à ce qu'une réconciliation entière soit accomplie, il ne saurait prétendre à ces effusions intimes qui sont réservées au plus tendre amour. D'ailleurs, il n'y songe pas, il ne peut pas y songer. Certes, quand on voit les amis eux-mêmes y penser trop peu, le pratiquer rarement, comment supposer que les ennemis s'en occupent ? Ils se sentent trop loin et ils savent qu'il n'est pas possible d'établir des familiarités avec Dieu dans un cœur soumis à l'empire du démon. Placée dans l'état de grâce qui est déjà l'union avec Dieu, l'âme procède aux actes de foi, d'amour, de désir, d'humilité, qui vont l'unir parfaitement à l'Homme-Dieu. Un acte de foi la transporte auprès du tabernacle ; elle s'incline, elle adore. Il est donc là, toujours présent, toujours enfermé pour nous, ce Dieu que les élus contemplent dans ses éternelles splendeurs ; il est là, humble et voilé, mais aussi grand que dans les cieux. Je crois, malgré les ombres, je crois à sa parole, à sa puissance et à son amour.
Son amour enflamme le mien ; mon cœur tressaille de reconnaissance ; il aspire à monter vers Celui que la bonté fait ainsi descendre. Vous me voulez, Seigneur ! Mais c'est moi qui ai besoin de vous. Ah ! si, en attendant le ciel où je vous aurai toujours, je pouvais déjà vous avoir toujours dans ma poitrine, devenue votre tabernacle perpétuel ! Mais le bonheur serait trop grand et l'exil serait trop doux ! Du moins, je désire m'unir à vous, autant que je le peux, en esprit, et je vous dis, avec le Prophète royal, que je cours après vous comme le cerf altéré s'élance vers les sources d'eau vive. (Psal. XLI, 2) Pourtant je sens bien aussi que cette union même, je ne la mérite pas. Les cœurs ne peuvent parfaitement s'unir que lorsqu'ils se ressemblent ; et je vous ressemble si peu ! Là je vois la grandeur, la sainteté, la pureté infinie ; ici, l'infirmité, les défauts, les misères de tout genre, qui altèrent et obscurcissent cette beauté intérieure qui charme vos regards et vous attire à nous. Si vous n'étiez que juste, vous me repousseriez ; mais vous êtes bon, et vous m'appelez. Vous m'appelez, comme le bon Pasteur appelle la brebis tremblante, qui n'oserait pas s'approcher, si elle n'entendait une douce voix qui l'invite. Je viens à vous, Seigneur ; venez à moi ! J'ai raison de m'humilier quand je regarde ma pauvreté ; mais j'ai raison de me confier quand je regarde votre puissante miséricorde ; une parole de vous suffit pour m'élever à vous.

2° Réception : Voici le moment de l'union : que toutes nos puissances spirituelles y soient employées. Notre imagination, notre mémoire, notre cœur sont riches ; si riches, que nous avons souvent de la peine à nous défendre contre l'invasion de leurs dangereuses rêveries. Les fantaisies affluent, les fantômes se succèdent ; c'est tout un monde qui vit devant nous avec tous les charmes et toutes les tentations de la réalité ; car, quel est celui pour qui la fécondité des pensées n'est pas un tourment de chaque jour ? Sanctifions ces facultés si vives, si agissantes, en les appliquant à des idées divines et aux élans du saint amour. Tantôt nous nous souviendrons que Jésus entrait dans les maisons amies, hôte vénéré que l'on accueillait avec bonheur ; et il nous semblera le voir ainsi entrer sous la tente de notre âme qu'il choisit pour son séjour. Tantôt nous nous figurerons qu'il se donne à nous de ses mains, comme il se donna pour la première fois à ses Apôtres, le jour où il institua le Sacrement de son amour ; ou bien, qu'il pénètre miraculeusement dans notre poitrine, comme l'histoire le raconte de quelques Saints, entre autres de sainte Julienne, sur le cœur de laquelle resta, comme témoignage de cette céleste faveur, l'empreinte de la sainte hostie ; ou bien encore, que notre bouche, heureuse comme à l'heure de la Communion sacramentelle, savoure le délicieux contact du Pain de vie. Quelquefois nous imaginerons que notre Ange gardien nous apporte la vraie manne du ciel, comme les Anges l'apportèrent par deux fois au jeune saint Stanislas de Kotska ; ou même que c'est Marie qui se plaît à placer auprès de notre cœur le cœur de ce Fils bien-aimé, qu'elle a donné au monde. Nous indiquons ces divers aspects sous lesquels la Communion spirituelle peut être représentée ; mais le véritable amour saura s'en créer de nouveaux et les variera selon les dispositions du moment et surtout suivant les inspirations de la grâce. Toujours est-il qu'il nous faut dilater toute notre âme pour y recevoir l'hôte divin ; une fois reçu, nous l'embrasserons dans les étreintes d'une respectueuse tendresse ; et nous demeurerons un instant dans cette ravissante joie de la possession, qu'exprime si bien l'Épouse des Cantiques : « Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui.» (Cant. cant., II, 16.)

3° Action de grâces : Cependant il faut, non pas se séparer (les cœurs qui s'aiment ne se séparent jamais), mais interrompre ces jouissances saintes. Ici-bas les bonheurs, même les plus purs, ne peuvent durer qu'un instant. Ils reviendront bientôt sans doute, mais pour finir bien vite encore et se succéder comme des degrés d'ascension vers le ciel.
Remercions Jésus ; qu'il soit béni d'avoir honoré d'une si grande visite l'âme qui n'est que son humble servante et qu'il élève à la dignité de son épouse. Il a resserré les liens de sa tendresse que chaque divin contact rend plus intime et plus douce ; il nous a donné un baiser de sa bouche (Cant. cant., I, 1), et ce baiser mystérieux nous a laissé une empreinte vive et un suave souvenir.
Nous nous retirons heureux ; et, au milieu de ce monde dont nous entendrons encore la voix, au sein de ces travaux que nous allons reprendre, dans la carrière accoutumée qu'il nous faut encore parcourir, ce souvenir nous restera pour entretenir notre immortel amour. Nous pourrons, comme expression de notre reconnaissance, nous servir de quelques-unes des belles prières que l'Église adresse à son Époux du tabernacle.


PRIONS


« Ô Dieu, qui nous avez laissé dans un sacrement admirable la mémoire de votre Passion, accordez-nous de révérer tellement les mystères sacrés de votre corps et de votre sang, que nous ressentions sans cesse dans nos âmes le fruit de la Rédemption que vous avez opérée. Vous qui, étant Dieu, vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »

Résumons maintenant tous ces actes en une formule assez abrégée pour rendre facile le fréquent exercice de la Communion spirituelle :

« Mon Sauveur Jésus-Christ, je crois que vous êtes présent dans le saint Sacrement de l'autel ; je vous y adore, et je vous aime de tout mon cœur. Que je voudrais vous recevoir dans ce Sacrement adorable où vous vous donnez tout entier ! Je ne mérite pas même d'être uni à vous par les liens mystérieux de la Communion spirituelle ; mais enlevez de moi tout ce qui peut vous déplaire, oubliez mes infidélités ; je m'en repens par amour pour vous ; dites une parole, et mon âme sera guérie. Venez, mon Bien-aimé, venez répondre aux désirs de mon cœur ! Ah ! Seigneur, vous êtes à moi, et je suis à vous ! Merci, mon Jésus ! Désormais, plutôt mourir que de cesser de vous aimer. Ne permettez pas que je me sépare jamais de vous ! »



Extrait de « Abrégé de la Pratique de la perfection Chrétienne » du R.P. Alphonse Rodriguez


Cette sorte de dévotion est très-sainte et très utile, de communier spirituellement pendant que le Prêtre communie réellement sous les deux espèces. Cette Communion spirituelle consiste à ressentir un désir ardent de recevoir le Sacrement adorable de l'Eucharistie, suivant ces paroles de Job appliquées à Jésus-Christ : Les gens de la maison, c'est-à-dire, les véritables Chrétiens qui craignent Dieu, ont dit : Qui nous donnera de sa chair pour nous rassasier ? Lorsqu'on a une faim extrême, on dévore, comme on dit, les viandes des yeux, de même pour communier spirituellement, il faut dévorer des yeux de l'esprit cette viande céleste ; il faut, quand le Prêtre ouvre la bouche pour recevoir le Corps de Jésus-Christ, ouvrir en même temps la bouche de l'âme, avec un désir ardent de recevoir cette manne divine, et il faut en savourer longtemps les douceurs dans son esprit. En se comportant ainsi, Dieu satisfera les désirs de votre cœur, et il les satisfera avec un accroissement de grâces et de charité, suivant ces paroles du Psalmiste : Ouvrez votre bouche, et je la remplirai.
Quoiqu'il soit vrai de dire que la Communion sacramentelle est d'un plus grand prix, et d'un plus grand avantage que la Communion spirituelle, parce qu'en qualité de Sacrement elle confère la grâce par une vertu qui lui est propre, ce que ne fait point la Communion en esprit : il est vrai aussi néanmoins, qu'on peut avoir éprouvé un désir si ardent de communier, et que ce désir peut être accompagné d'un si profond respect et d'une si grande humilité, qu'on reçoive par ce moyen plus de grâces que n'en recevrait une personne qui communierait réellement, mais avec de moindres dispositions. Ce qu'il y a encore d'avantageux dans la Communion spirituelle, c'est que comme elle n'est point remarquée des gens du monde, elle est exempte du péril de la vaine gloire, auquel la Communion sacramentelle, qui se fait aux yeux des hommes, peut être sujette. La Communion spirituelle a même cet avantage au-dessus de l'autre, qu'on peut la renouveler plus souvent.

Lorsque vous entendez la Messe, ou que vous visitez le Saint Sacrement, enfin toutes les fois que vous avez envie de communier spirituellement, excitez en vous-même un ardent désir de recevoir ce Sacrement adorable, et élevez votre cœur à Dieu, en disant : Ô mon Dieu ? que n'ai-je l'âme assez pure pour vous recevoir ! Que ne puis-je être digne de vous recevoir tous les jours, et de vous porter dans mon sein ! Que je serais heureux, ô mon Dieu ! que je serais comblé de biens, si je pouvais mériter de vous recevoir chez moi ! Mais, Seigneur, il n'est pas nécessaire pour cela que vous y veniez sous les espèces sacramentelles ; un seul de vos regards suffira pour m'enrichir des trésors de votre grâce : vous n'avez qu'à vouloir, c'est assez : commandez, Seigneur, et je serai justifié. Ensuite dites avec le centenier : "Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison ; mais dites seulement une parole et mon âme sera guérie". S'il ne fallait autrefois que regarder le serpent d'airain pour être guéri de la morsure des serpents, il me suffira aussi de vous regarder avec une foi vive et pure, et avec un ardent désir de vous recevoir, pour être guéri de toutes les plaies de mon âme. Il sera bon de terminer cette dévotion par cette Antienne : Ô banquet sacré, où Jésus-Christ est le mets que l'on reçoit ! et d'y joindre le verset : Vous leur avez donné le pain du Ciel...


***


Vous pouvez également lire la messe (messe dite de Saint Pie V) et les textes du jour pour vous préparer à communier spirituellement avec Notre Seigneur. Se remémorer le déroulement de la Sainte messe est une très bonne manière de se mettre en condition avec piété. Avant de communier spirituellement, dites l'acte de contrition, l'acte de charité, le Confiteor, et trois fois le Domine non sum dignus.


Dans le vase d’or, je conserve vos communions sacramentelles et dans le vase d’argent, vos communions spirituelles
. (Parole adressée à la sœur Paula Maresca par Notre Seigneur qui lui montrait deux vases précieux, Saint Alphonse de Liguori - "La véritable épouse de Jésus-Christ"). 


Sainte Thérèse d'Avila à ses filles du Carmel : Les jours où vous entendrez la messe sans communier réellement, faites-le spirituellement ; rien ne vous en empêche, et vous en retirerez le plus grand fruit. Aussitôt après, recueillez-vous au dedans de vous-même avec le divin Maître, de la même manière que si vous l'aviez réellement reçu. Son amour s'imprime ainsi merveilleusement dans nos âmes. Chaque fois que nous nous disposons à le recevoir, il nous donne quelque grâce et se communique à nous en diverses manières, qui nous sont incompréhensibles. Il agit à la manière du feu. Vous êtes en hiver dans un appartement où il y a un grand feu ; si vous vous en tenez éloignées, vous ne vous chaufferez guère, seulement vous auriez moins froid que s'il n'y avait point de feu ; mais approchez, ce sera autre chose, vous sentirez toute sa bienfaisante action. Il en est absolument de même de notre âme ; si elle se dispose, c'est-à-dire si elle souhaite perdre son froid, et si par le désir elle s'approche de Jésus-Christ qui est son véritable feu, il lui suffira de quelques moments passés auprès de lui, pour être pénétrée d'une divine chaleur qui lui durera plusieurs heures.

On rapporte de sainte Angèle de Mérici que lorsqu’on lui interdisait la communion de chaque jour, elle y suppléait par de fréquentes communions spirituelles à la messe, et elle se sen­tait parfois inondée de grâces semblables à celles qu’elle aurait reçues si elle avait communié sous les espèces sacramentelles. Aussi laissa-t-elle à son Ordre comme un legs pieux, une pressante recomman­dation de ne point négliger cette sainte pratique. ("Méditations sur l’Eucharistie" par le Frère Philippe).

La bienheureuse Agathe de la Croix était animée d’un tel amour pour le Saint Sacrement, qu’elle serait morte, dit-on, si son confesseur ne lui avait pas enseigné la pratique de la communion spirituelle ; et lorsqu’elle la posséda, elle avait coutume de la répéter jusqu’à deux cents fois dans un jour
. (Faber, op. cit., traduction de Bernhardt)




Pour cette communion spirituelle, vous pouvez prier ainsi :


« Ô Jésus, mon aimable Sauveur, que je voudrais, en ce moment, m'approcher de votre Table Sainte, plein de confiance, non en mes propres mérites, mais en votre infinie bonté ! Que je voudrais aller à Vous, source de Miséricorde ; être guéri par Vous, divin Médecin de mon âme ; chercher en Vous mon appui, en Vous, Seigneur, qui serez un jour mon Juge, mais maintenant, ne voulez être que mon Sauveur ! »

« Je vous aime, ô Jésus, Agneau divin, Innocente Victime, Immolée par amour sur la Croix, pour moi et pour le salut du genre humain. Ô mon Dieu, souvenez-vous de votre humble créature, rachetée de votre sang ! Je me repens de vous avoir offensé, et je désire réparer mes fautes par ma fidélité à obéir à votre sainte volonté. »

« Ô bon Jésus, qui, par votre grâce tout-puissante, me fortifiez contre les ennemis de mon âme et de mon corps, faites que bientôt, purifié de toute souillure, j'aie le bonheur de vous recevoir dans la Sainte Eucharistie, afin de travailler avec une constante générosité, à l’œuvre de mon salut. »



Extrait de "La messe avec le prêtre"



Prière pour la Communion spirituelle, tirée de Délices des pèlerins de la Louvesc ou Exercices de Dévotion qui se font à la Louvesc, et des réflexions spirituelles de J.M.B. Vianney, Curé d'Ars :



Afin de communier spirituellement, formez du fond de votre cœur des actes de foi, de désir, d'espérance et d'amour.
Tenez-vous un instant dans un recueillement très profond et une ferveur très-grande ; dites la prière suivante
:


Ô Jésus ! vous êtes infiniment saint.
Je ne suis pas digne de vous recevoir à cause de mes péchés et de ma tiédeur. Ah ! pour quoi n'ai-je pas vécu d'une manière qui me permette d'approcher tous les jours du sacrement de votre amour ? Je m'unis à la communion du prêtre et à celle de tous ceux qui ont l'avantage de se nourrir de votre chair sacrée. Ayez égard au désir que j'ai de participer à cet auguste festin pour être transformé en vous.


Dieu dont la puissance n'est pas liée par les sacrements visibles, sanctifie intérieurement l'âme à cause de ce désir qui procède de la foi opérant dans la charité. (Saint Thomas d'Aquin, q. 6)

Quand la communion sacramentelle est impossible, il est une autre manière de communier et de recevoir le fruit même du sacrement, "rem sacramenti" et avec lui tous les effets, du moins certainement tous les plus grands : c'est la communion spirituelle. (Catéchisme du Concile de Trente)

Par la communion spirituelle, beaucoup d'âmes sont arrivées à une haute perfection. Votre âme en retirera de très grands fruits ; si vous le faites souvent, je vous donne un mois de temps pour être tout à fait changé, mais soyez persévérant. (Saint Léonard de Port-Maurice)


Les Saints, instruits par le Ciel, ne parlent pas autrement que l’Église, ses docteurs, et ses théologiens.
"Toutes les fois que tu me désires, disait Notre-Seigneur à Sainte Mechtilde, tu m'attireras à toi. Un désir, un soupir suffit pour me mettre en ta possession."
"Ton désir de me recevoir a si vivement touché mon Cœur, dit le Sacré-Cœur à Sainte Marguerite-Marie, que si je n'avais pas institué ce sacrement, je l'aurais fait en ce moment pour me rendre ton aliment...
Je prends tant de plaisir à être désiré qu'autant de fois le cœur forme ce désir, autant de fois je le regarde amoureusement pour le tirer à moi."
C'est encore Notre-Seigneur qui disait à la bienheureuse Ida de Louvain : "Appelle-moi, et je viendra". — "Venez Jésus", implora-t-elle aussitôt, et, tandis qu'elle se sentait remplie de bonheur comme si elle avait communié : "En quelque lieu, en quelque manière qu'il me plaît, lui dit Jésus, je puis, je veux, je sais satisfaire les saintes ardeurs d'une âme qui désire."
Et c'est le Christ encore qui chargeait Sainte Marguerite de Cortone de rappeler à un religieux la parole de Saint Augustin : "Crois... et tu aurais mangé".
Cette "mise en possession du Christ", cette "façon mystérieuse par laquelle le christ se fait vraiment notre aliment", cette "venue en nous du Christ", ce "regard merveilleux qui nous attire à lui", cette "manducation spirituelle du Christ" qui est le fruit propre de l'Eucharistie, s'accompagnera aussi, toujours au témoignage des saints, de la plupart des autres effets de la communion sacramentelle.
La liturgie appelle celle-ci "la nourriture et le remède", "cibus, remedium".
Saint Augustin appelle celle-là "le pain du cœur et la guérison du cœur".
Celle-ci est "l'aliment quotidien de la ferveur", et le Saint Curé d'Ars dit de celle-là : "La communion spirituelle fait à l'âme comme un coup de soufflet sur un feu couvert de cendres et qui commence à s'éteindre".
"Quand nous sentons l'amour de Dieu se refroidir, vite ! la communion spirituelle !"
"Celui qui mange ma chair vivra par Moi", avait dit Notre-Seigneur dans l’Évangile, et il disait à Sainte Mechtilde : "A ton réveil, soupire après moi de tout ton cœur ! Aspire-moi par un soupir d'amour et je viendrai en toi, j'opèrerai en toi toutes tes œuvres, je souffrirai en toi toutes tes souffrances." (Extrait de La communion spirituelle de J.-M. Derély)



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